"Nous appelons instamment les autorités russes à reprendre immédiatement" les importations de viande européenne, a déclaré le porte-parole de la Commission européenne, Reijo Kemppinen. A Bruxelles, l'heure était à la mobilisation face à la décision de Moscou. Le président de la Commission Romano Prodi lui-même devait aborder la question lors d'un entretien téléphonique en fin d'après-midi avec le Premier ministre russe, Mikhaïl Fradkov.\n La Russie a interrompu depuis le 1er juin les importations de viande européennes en expliquant qu'elle n'acceptait plus le système de certificat sanitaire en place dans l'UE, qui est fourni par les autorités nationales de chaque pays.
Le volume des échanges menacés est évalué à 1,3 milliard d'euros par an, selon l'exécutif européen. "Toute perturbation des échanges est inutile et injustifiée. Elle ne correspond pas à une évaluation scientifique", a ajouté M. Kemppinen, affirmant avoir "beaucoup de mal à comprendre les véritables raisons" de l'attitude de Moscou.
Le porte-parole a souligné que la décision russe avait constitué une "surprise" totale pour l'Union européenne et n'a pas écarté que des "raisons de nature politique" soient à l'origine de la décision de Moscou.\n Selon un responsable russe s'exprimant mardi sous couvert de l'anonymat, la Russie demande depuis 2003 le remplacement des certificats sanitaires individuels des pays de l'UE par un seul et unique certificat de l'UE. Celui-ci devait être introduit au 1er mai 2004, a assuré ce même responsable, puis après une prolongation au 1er juin, mais le nouveau certificat n'est pas paru et les services vétérinaires russes ont décidé de cesser de viser les certificats "individuels".
Bruxelles a laissé entendre de son côté que la question des certificats sanitaires n'avait pas posé de problème lors des longues négociations qui ont conduit fin avril à l'extension de l'Accord de Partenariat et de Coopération (APC) entre l'UE et la Russie. Les dispositions de cet accord, qui définit les relations entre l'UE et la Russie, notamment dans le domaine commercial, ont été étendues aux dix pays entrés dans l'Union au 1er mai. L'UE considérait une telle extension comme automatique. Avant de céder, Moscou avait fait valoir pendant de longs mois la perte de tarifs commerciaux préférentiels avec plusieurs pays d'Europe centrale et orientale.
"Juridiquement, il n'est pas possible d'émettre un certificat unique, et cela ne se produira pas", a averti le porte-parole de la Commission. La Commission européenne a souligné aussi que son système de certificats sanitaires, contesté par Moscou, était accepté par 148 Etats membres de l'OMC.
Le dépit européen était d'autant plus apparent que l'UE a apporté le 21 mai dernier son soutien à la candidature de la Russie pour adhérer à l'OMC. "Ce n'est pas le comportement que l'on peut attendre d'un membre de l'Organisation Mondiale du Commerce", a déclaré Reijo Kemppinen. Le porte-parole a cité 12 pays de l'UE, sur 25, concernés par l'arrêt des importations russes de viande européenne: les Pays-Bas, l'Allemagne, la Pologne, la République tchèque, la Lettonie, l'Estonie, la France, la Belgique, le Danemark, l'Irlande, l'Autriche et "peut-être aussi" la Finlande.
La Commission a toutefois exclu au stade actuel de prendre des "contre-mesures". "Nous essayons de convaincre les Russes qu'il n'est pas dans leur intérêt d'appliquer ces restrictions et nous sommes confiants qu'ils comprendront les choses comme nous les comprenons", a affirmé M. Kemppinen. |